Cinéma, mon beau cinéma, où es-tu?
Franchement, c’est un vrai mystère, d’ailleurs même, ça ne vaut même pas pour 25 FCFA la peine de se poser cette question, parce que tant dans le fonds que sur la forme, le cinéma camerounais dans son ensemble est une vraie merde perte. Quoi? Vous n’avez qu’à me huer, mais au moins vous savez que c’est vrai!
La descente aux enfers de notre cher cinéma date de 2003… Le Paradis, Eden, Le Grand Canyon, Le Berlitz, Abbia, Le Capitole, Le Wouri… que des beaux noms de somptueuses et magnifiques salles qui le temps passant, ont fermé. La clé n’est même plus sous le paillasson, on ne sait pas où elle est. Je découvre récemment, et avec beaucoup de stupeur que notre cher Ministère de la Communication avait même à l’époque une cinémathèque, à son sous-sol. Certains de ces espaces sont carrément devenues des salles agrées pour des assemblées d’églises réveillées. Oh Misère!
Le 7ème art au Cameroun est mort chers lecteurs. Ressources humaines, moyens matériels, logistique, assistance… rien, niet, nada! Pourtant une industrie culturelle qui est une formidable source de développement économique. Mais pourquoi? POURQUOI? Les gens ont les Oscars, les Césars, les Grammies… Nous on a quoi? Les Canal 2’Or? Je ferai mieux de me taire, sinon je risque perdre mes cheveux.
N’empêche qu’à bien regarder, çà n’inquiète personne, çà n’embête personne… et çà c’est un truc que je trouve quand même marrant chez le camerounais lambda. Pour lui, tu as l’impression que “tout est bon”, très bon même. Le prix du carburant augmente, çà ne dérange pas. Le prix du gaz augmente, aucun problème. La SONEL se marie, devient AES, divorce, devient ENEO, et continue à nous donner de l’Énergie Noire Et Obscure, aucun problème. N’est-ce pas les Lions Indomptables gagnent maintenant? Et c’est pour ça que le cinéma ne dit rien, plus rien aux gens.
Moussa a son café restau, il y a déjà une télé dedans. Ce qui était d’abord un restaurant simple, est devenu un vidéo club show. Tu entres, on te fait à manger, et tu manges en regardant un bon film. François dans son alimentation générale, a mis une télé… est ce que c’est facile? Les camerounais en général ont perdu le gout du cinéma camerounais, car plus rien ne les attire dans les salles… Dire que c’est pendant ces séances obscures et climatisées que certains venaient étoiler leur petite liane amie, s’arrachaient leur premier baiser à l’insu de tout le monde, que les confrères du « chabat » venaient organiser le grand désordre, là où tu voyais une fille pleurer à grosses larmes, et interpeller toute la sécu du cinéma parce qu’elle s’est assise sur une chaise où il y avait une aiguille dressée, et un petit message à côté : « Bienvenue, tu as le SIDA ». Vraiment le bon vieux temps!
Mais il n’y a pas que la forme, les salles de cinéma qu’il faut déplorer, Malheureusement. Il y a aussi le fonds. Quel camerounais a encore sorti un bon film ou une bonne série? Çà fait belle lurette. Oui, je sais que beaucoup d’entre vous vont me parler du film Le Blanc d’Eyenga de Thierry Ntamack. C’est vrai qu’il faut reconnaitre le talent de ce jeune producteur. Mais ce n’est pas parce qu’on veut décrire les réalités de la société qu’on va tourner un film quasi porno! Et comme si çà ne suffit pas, les thématiques des productions de nos chers Ebenezer Kepombia (Mintoumba, les Déballeurs), Athanase Mvondo (Edoudoua non glacé, Coup de Balai), Jean de Dieu Tchegnebe (Man No Lap, Mon histoire) et autres tournent autour de la même chose : si c’est pas de spiritisme, c’est de sexe, ou de polygamie. En gros, c’est du refresh revisité par des cultures différentes. Quel film d’action? Les frères d’armes? Laissez-moi rire… rien que sa bande annonce en dit long sur lui.
Si le cinéma camerounais est aussi en déclin, c’est dû à un phénomène majeur aussi : la piraterie. Et ici, vous êtes nombreux à hocher la tête. Voilà! J’ai raison non? Sérieux, à quoi çà sert d’aller voir un film en avant première au Cinéma à 1500 FCFA, alors que le même film est à Ndokotti ou à Ecole publique à 500 FCFA sur un DVD Princo, que je peux même louer le même film toujours à ces mêmes carrefours à 200 FCFA et venir le remettre le lendemain? Encore que, je peux juste aller le copier dans le disque dur externe de Tchoupi, qui a pris le soin de le télécharger en torrent, et je le regarde sur mon ordi, avec un Chawarma non pimenté et un bon jus. Malheureusement, c’est pas faux ce raisonnement, et c’est ce que font plein de personnes aujourd’hui. En plus, le concurrent principal de la salle de cinéma au Cameroun, c’est le vidéo club, avec des prix ma foi exceptionnels : de 50 FCFA à 100 FCFA la séance, en fonction de la quantité d’action dans le film.
Mon article chute avec cette nouvelle ministérielle de Tata Ama Tutu Muna (MINARC), qui sous-tend que tel un phœnix, le cinéma camerounais renaîtra de ses cendres. Elle l’a dit, en Juillet 2013, depuis là, on attend…
Bonne Nouvelle: Expendables 3 vient de finir de télécharger… Je m’en vais regarder! Ciao…
PS: Ceci est un thème imposé par #theblogcontest. Merci Claudia de nous avoir fait tourner les méninges…
Ça vous dirait de voir comment mes amis se sont exprimés sur le même thême du Cinéma camerounais? Alors faites un tour sur leur blog: Armelle, Elie, Tchoupi, Teclaire, Bikanda et William
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