Douala by rain…
Il y a vraiment des matins comme ça où j’ai une grosse envie de rester sous la couette… je me sens bien, comme dans un paradis. Mais il n’y a que la réalité pour me rattraper et me faire savoir dans quel contexte je vis
– 5 h : réveil du téléphone #1
– 5 h 10 : réveil de la tablette
-5 h 30 : réveil du téléphone #2
Hey ! N’allez pas croire que je suis un gros dormeur – qui a besoin de 3 réveils pour se lever. Mais comme on dit chez nous « on ne connaît pas le caillou qui va tuer l’oiseau » (comme pour dire, on ne connaît pas le réveil qui va lever Dany). Ces jours-ci, mon envie de paresse (qui je suis sûr est celle de beaucoup, même de toi qui me lis) est due à un phénomène un peu particulier ces jours : le come-back de Dame pluie.
Elle, on l’aime : sérieusement elle fait du bien, ça permet au sol de produire, d’avoir un autre climat, à la voiture d’Elie d’être propre, de nettoyer les rigoles. C’est aussi à cette période où l’on conçoit beaucoup plus de bébés… Oh ! Vous me demandez comment je sais çà? Allez à Laquintinie en mai, et venez me dire ce que vous voyez à la maternité. Remontez 9 mois avant, et vous êtes au mois de Dame pluie. Beaucoup de personnes, et je ne le nierai pas, voient en elle une bénédiction et ça me rappelle mes années d’enfance où je me baladais en caleçon avec les voisins en criant « la pluie! la pluie! la pluie! la pluie! »
Les transporteurs aussi l’aiment, notamment mes amis les taximen et les benskinneurs, surtout les « benskinneurs climatisés », ceux qui ont adapté un parapluie sur leurs engins. À l’heure de Dame Pluie, ce sont des rois. Oui chères lectrices et chers lecteurs, la réalité dans ma ville, c’est qu’en temps de pluie, le taxi/le benskin climatisé est l’engin le plus important de l’univers.
Et à ce moment, le chantage sur les prix des tarifs commence. Des propositions faramineuses pour de simples destinations que font les nouveaux boss de la route, sous prétexte qu’il pleut.
Un déluge universel
Mais pendant que certains louent les vertus de Dame pluie, d’autres la dénigrent amèrement. Le problème, c’est que chaque fois que celle-ci s’amène, on a toujours la nette impression que c’est une forme de déluge universel comme du temps de Noé qui va s’abattre. Chez certains, ce n’est qu’une impression, chez d’autres c’est la réalité. Je pense surtout à mes amis des « quartiers difficiles » comme Makèpè Missokè, Ndog Bong Ngonguè, Bonabéri. Ceux-là livrent un vrai combat avec Dame pluie. Une seule question se pose dans tous les esprits quand elle arrive : on va s’en sortir? Parce qu’une chose c’est que la pluie tombe, mais une autre c’est les ravages qu’elle va cause. Les cas d’inondation se multiplient avec des pertes énormes, tant en vies humaines qu’en dégâts matériels.
Qu’est- ce que je peux sauver ? me voici bloqué par l’eau, comment vais-je sortir ? Comment les enfants vont-ils aller à l’école ? Wèèèè mon Dieu pourquoi tu nous fais souffrir comme çà ? Obligé à présent de patauger et de dandiner dans une eau jaunâtre qui atteint les cuisses pour certains et les hanches pour d’autres. Il faut à présent se livrer à un vrai parcours du combattant : lits, matelas, canapés; tout est perdu. Dame pluie n’est pas bien !
Je reconnais quand même que Dame pluie constitue aussi un frein pour le développement économique, parce que :
– S’il pleut, et que tu n’as pas de parapluie, ou bien que tu as acheté un parapluie chinois de 1 500 F Cfa (Tchoupi me dit 1 000 F Cfa, Bikanda me dit 700 F Cfa) qui s’est cassé après un petit vent, tu es obligé de t’abriter. Et si tu t’abrites, forcément tu es en retard au boulot. Bonjour l’improductivité au travail, bonjour les demandes d’explications.
– Si le benskin que tu as pris n’est pas climatisé, tu vas seulement t’arrêter… dans une station : pas pour consommer, mais pour t’abriter avec plein d’autres motos taxis. Si tu es sage, bois un verre de coca aladji pour gérer le froid.
– Si malgré tout tu as ton parapluie et que tu restes en route pour attendre désespérément le taxi, ta chaussure va se gâter, ton pantalon va se mouiller, tu vas attraper froid, un gars nerveux dans sa Peugeot LT 246 DI va entrer dans une flaque d’eau et te mouiller (alors que vous n’aviez même pas rendez-vous… oui Tchoupi).
En fait, le véritable hic chez nous, ce n’est pas tant Dame pluie. C’est que la plupart des gens construisent… sur un marécage. Donc pour peu qu’il pleuve, et que le lit du fleuve déborde, c’est la catastrophe. Mais il n’y a pas que ça. Les caniveaux et les égouts, de vrais gouffres de déchets, sont tous bouchés, ce qui engendre cette érosion qui écaille les routes et qui est pour la plupart source d’embouteillages. Et on va être surpris que les employés arrivent à 10 h au bureau ?
Il n’y a que Dame Pluie pour nous rappeler que des fois il y a aussi l’été au Cameroun : on travaille moins, on dort plus… Elle n’est pas belle la vie ? Sacrée Dame pluie !
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